pêle-mêle

Il n'y a pas que le 4X4 dans la vie et il parait qu'un confrère nommé Larochefoucauld (si j'ai bien compris, son garage s'appellerai "MAXIME 4X4"), répéterai : "Qui vit sans folie, n'est pas si sage qu'on le croit ".

 

22 Juin 2014 : De l’évolution d’une causerie sur le mot « travail » vers le constat d’un tragique malentendu qui entraina un non moins tragique gâchis par Marx, consorts et dogmatiques contemporains.


 

Je préfère avertir moi-même le lecteur car faute avouée est parait-il à moitié pardonnée : ces pages sont issues d’une sélection et interprétation très libre de ma part d’un mémoire sur le « travail » d’une professeur de Français, mademoiselle Patricia Strelow, et d’un survol des biographies dans internet de Charles Fourier, Karl Marx, Frederic Engels, Frederic Nietzsche et Hannah Arendt .
Beaucoup penseront vraisemblablement qu’un tel sujet méritait plus d’approfondissement, mais étant donné que j’ai (encore !) le choix de mon emploi du temps, j’ai cédé rapidement à la concurrence de mon vélo, (surtout Solex), cueillette des framboises ou artichauts, senteurs des roses, lecture de 4x4 magazine, de l’Argus, recherche d’œufs de mes poules et pintades, etc., etc. …………….

Notre causerie sur le mot « travail » n’avait pas pour objectif de nous substituer aux travaux des linguistes ou autres pensionnaires de l’academie française.
Son objectif, tout comme lors de l’association des mots « mauvais » avec « temps » quand il pleut et « beau » sous le soleil , était d’éviter d’injustes dommageables répercussions sur notre humeur en cas d’usage non adéquat d’un mot à connotation négative. Ce qui a d’ailleurs amené Albert Camus à écrire : « Mal nommer les choses, c’est ajouter à la misère du monde » (cité page XIII dans « Défense de la langue française » du 2eme trimestre 2014).
Convenons qu’en cas de pluie si vous n’êtes pas étranger à ce qui ce passe sous vos pieds, vous ne pourriez que communier dans le même élan vital qu’avec tout ce végétal qui nous entoure.
Et de ce fait aborder la journée avec optimisme……………

A dire vrai, j’ai pris rapidement conscience des malentendus qui sévissent aujourd’hui au fur et à mesure de l’approfondissement des éléments utiles à ce débat sur la nécessité de veiller à user de mots différents alors qu’en réalité nous utilisons quasiment systématiquement le mot « travail » bien que d’apres internet, 96 sont à notre disposition ! On retiendra surtout labeur, occupation, ouvrage, mission, service, action, exercice, rôle, poste, office, etc., etc;.
Malentendus vraisemblablement favorisés parce qu’à l’origine le travail (tripalium), désignant un engin de torture composé de trois pieux enserrant le cou du supplicié, il s’est trouvé appliqué à des situations à première vue extrêmement opposées .
C’est pourquoi déjà en 350 avant J.C., Aristote différenciait « travail » et « œuvre ».
Définition de l’Œuvre selon Aristote :
A l’opposé d’un « travail » cyclique ou et répétitif, « l’œuvre » est « un processus qui a un terme. Elle suppose un projet, lequel s’achève dans un objet qui possède une certaine durée, un objet qui possède sa propre existence, indépendante de l’acte qui l’a produite » .

Néanmoins à l’inverse des dogmatiques Marx (1818-1883), consorts et héritiers, Aristote me complique la tâche en admettant que la différence entre « œuvre » et « travail » n’était pas aussi tranchée ; je cite : « tous les travaux exigent un minimum d’apprentissage et donc un certain travail sur soi. Il n’existe aucun travail qui ne suppose pas l’acquisition de savoir-faire, d’une compétence particulière, donc un apprentissage qui lui-même est à l’opposé du « machinal » puisqu’il n’est possible que s’il est raisonné, que s’il entre en lui au moins un peu de réflexion ». A savoir selon Patricia Strelow, la réflexion proprement technicienne qui consiste à rechercher les moyens les mieux adaptés, les plus efficaces dans la poursuite de certaines fins. Il n’y a pas de production qui ne suppose pas de raison, d’intelligence, de ruse .
Cela revient à dire que le travail n’est pas une activité entièrement étrangère à l’humain et à l’excellence. Ce qui est d’ailleurs confirmé par l’admiration que peuvent susciter l’habileté manuelle d’un artisan ou d’un ouvrier, la finesse et l’ingéniosité de certaines productions. On y voit l’expression de certaines formes d’excellence. A quoi renvoie la fierté du travailleur, sûr de son art, qui trouve dans le travail bien fait un motif de satisfaction, une raison d’aimer ce qu’il fait et la vie qu’il mène puisqu’elle lui apporte des satisfactions qui ne sont pas seulement financières .
Ce qui nous invite à nous demander si le travail est bien une activité mutilante, déshumanisée, en laquelle nous perdons notre temps et notre vie selon ses pourfendeurs cités plus haut puis plus récemment mais avec des nuances par Hannah Arendt.
Le « travail » serait donc selon eux « une activité qui fait perdre son temps et sa vie et qu’il est donc une activité qui non seulement peut-être en elle-même pénible, mais qui de surcroit ne rend pas plus accompli, meilleur, plus digne, plus estimable ».
Et toujours aussi diabolisé aujourd’hui avec la définition qu’en donnent les sociologues dans le dictionnaire « La Toupie » sur internet : « Le travail est l’ensemble des activités humaines répétitives, pénibles, non gratifiantes réalisées dans la contrainte ».
Et pas mieux pour les économistes : « Il peut être perçu comme un devoir moral et social ou, à l’inverse comme une exploitation et une aliénation » !

On ne peut être qu’admiratif devant l’extraordinaire habileté du système marchand capitaliste mondialisé qui a « récupéré » les discours des marxistes qui professant que le travail ne permettait pas à l’homme de « vivre » (dans le sens de s’épanouir), ce serait dans les loisirs* qu’il pourrait le faire. Loisirs et son corollaire, la consommation de biens matériels. Et voilà nos sociétés dites civilisées « vautrées » dans la surconsommation avec tous les dégâts qu’elle provoque sur l’environnement et les souffrances induites par les sentiments de frustration, conséquence du bombardement marketing. * objectif atteint en une soixantaine d’années selon le constat d’Hannah Arendt (1906-1975) : « La société de masse ne veut pas de culture mais des loisirs » !

Ces « sentences » négatives sur la signification du mot « travail » évoquées plus haut apportent encore plus de confusion quand ce même mot désigne la grandeur de la maman en train d’accoucher. Ensuite je cite en vrac : le « travail » des muscles pour la santé, le « travail » sur soi qui est une activité par laquelle on s’améliore soi même par des exercices qu’ils soient intellectuels ou physiques, « travailler » sa partition en vue d’un concert etc., etc. …..

Et (à première vue !), l’image la plus négative associée à la pénibilité avec celle du mineur de fond puisque utilisée dans « aller au charbon » pour désigner un (sale ?) boulot .
Je viens à nouveau d’écrire « à première vue », car effectivement à lire les marxistes, rien de positif dans l’action de travailler (et non d’œuvrer).
Le « pompon » me semble revenir à Nietzsche qui lit dans la glorification du travail (donc du travailleur) par le patronat , un moyen de « l’endormir ». Je le cite : « Dans la glorification du travail, dans les infatigables discours sur les « bénédictions du travail », je vois la même arrière-pensée que dans l’éloge des actions collectives : à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, on sent maintenant qu’à la vue du travail, on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir, qu’un tel travail constitue la meilleure des polices, qu’il tient chacun en bride et s’entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du gout de l’indépendance car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, la méditation, la rêverie, les soucis, l’amour ou à la haine » !

Si vous le voulez bien, merci de me dire si effectivement votre travail vous a tenu en bride, à entraver puissamment le développement de votre raison, vos désirs, votre goût de l’indépendance du fait qu’il aurait consumé une extraordinaire quantité de vos forces nerveuses et vous auraient ainsi soustrait à la réflexion, la méditation, la rêverie, les soucis, l’amour ou à la haine » ?
Et toujours Nietzsche qui en rajoute une couche en écrivant comme à regret : « Mais il est des natures plus rares qui aiment mieux périr que travailler sans joie, des difficiles, des gens qu’un gain abondant ne satisfera pas s’ils ne voient pas le gain des gains dans le travail
lui-même ! »
De la part de ces philosophes, nous avons là une preuve supplémentaire de l’ignorance totale qu’ils ont de la vraie vie de la majorité des travailleurs.
Je fais bien évidemment allusion à un travail non exclusivement parcellisé car comme l’a écrit Alain :
« tout homme préfèrera un travail difficile où il invente et se trompe à son gré, à un travail uni mais selon les ordres ».

Et bien compte tenu de mon expérience, lectures et témoignages recueillis, je suis amené à supposer que tous ces théoriciens du « travail », n’ont jamais « travaillé » dans la définition « marxiste/Zola » qu’ils en font, ou au minimum côtoyé ce monde du « travail » .
Si tel avait été le cas, ils auraient découvert une preuve supplémentaire de l’extraordinaire et merveilleuse propension innée de la plupart de nos semblables à la joie de vivre malgré un contexte qui pourrait être traumatisant . Vertu que j’associe à l’Esperance. (bien que moins explicite, il me semble que c’est le mot « résilience » qui les rassemble souvent maintenant).
Oui, j’écris à dessein « joie de vivre » et « espérance », car il s’agit bien de cela quand on découvre des « pépites » là où nos doctes penseurs ne lisent qu’asservissement, souffrance, exploitation etc., etc. …………….
Bien évidemment, on ne peut nier les ravages subis par le monde ouvrier lors de la révolution industrielle quand les classes dirigeantes purent se livrer à une course effrénée au profit, après s’être débarrassées des contraintes du rythme biologique de la traction animale par l’avènement des forces motrices issues du machinisme principalement à vapeur . A l’opposé du Moyen Age où un jours sur trois n’était pas travaillé selon l’historien et co-fondateur de « La Décroissance » (soutitré le journal de la joie de vivre) Paul Aries .
Soyons lucides et objectifs en admettant qu’en 2014, un Zola n’aurait quasiment rien à déplorer et les Marx et consorts d’aujourd’hui doivent retourner d’urgence au musée Grévin. La lutte des classes qui a été leur fonds de commerce devrait faire place au combat contre la sournoise efficacité du marketing depuis le début des « 30 glorieuses », qui entre les mains du capitalisme mondialisé tente de nous décérébrer en vue de nous réduire à l’état de robot consommateur. Avec pour conséquence inexorable si nous nous laissons faire, de très graves bouleversements sociologiques et climatiques.
Mais je suis convaincu que grâce à l’extraordinaire (j’écris « extraordinaire » à la place de « miraculeuse » pour respecter la laïcité républicaine !), donc grâce aux extraordinaires prédispositions de l’homme au bonheur, joie et amour, et tout comme il a surmonté les bouleversements climatiques depuis son apparition sur terre, et plus récemment les guerres, épidémies etc., etc., nous pouvons espérer en l’avenir.

Exemples de prédisposition de l’homme à la joie de vivre :
Auparavant dirigeant d’une fabrique de machine-outils, il se retrouve (catastrophé !) à la tête de l’usine « Robert et Carrière » à Serquigny (production et conditionnement de médicaments) . Au milieu de ces ouvrières penchées silencieuses sur une chaine à exécuter isolément une tache forcément parcellaire, il commençait à regretter l’ambiance avec ses anciens coéquipiers, surtout les jours où une machine-outil terminée, photos, vin et petits fours marquaient l’évènement .
Néanmoins intrigué par l’apparente joie de vivre quand elles prenaient leur poste et l’application de ces dames, il observa de très près et à leur insu plus attentivement leurs gestes.
Sa conclusion : En plus de l’application stricte de ceux « obligatoires », chacune ou presque, avait à cœur d’apporter la petite modification susceptible soit de faciliter la tâche de la suivante, soit d’améliorer la qualité du produit, où, plus fondamental encore, exprimait le respect d’elle - même au travers du « bel ouvrage ».
C’est ainsi que l’ambiance « zombis » qu’il redoutait s’avéra en définitive aussi passionnante et enrichissante à partager que dans son précédent poste !

Dans les années 1980, réunion d’anciens ouvriers de la sucrerie de Roye. L’un d’eux hilare : « tu te souviens Marcel, dans la salle de cuisson, pour vous chiner, on s’arrangeait avec les copains à charger et déplacer vers vous la cuve plus vite que la cadence normale ! . Et vous, bande d’empaillés, vous acceleriez encore plus que nous, ce qui fait que le contremaitre voyant que vous attendiez, pensait que nous nous la coulions douce !
Qu’est-ce qu’on pouvait rigoler !
Il faut savoir que ces « joyeusetés » qui duraient 10 heures, avaient pour cadre une atmosphère à 50 degrés chargée de vapeur et de fumée de charbon !

En pleine grève de mai 1968, j’étais chef de vente chez le concessionnaire Peugeot de Bernay.
Vu leur rareté, chaque acheteur un peu « chaud » était pourchassé, fusse loin dans la campagne. Après plusieurs tentatives, j’obtenais enfin un entretien tard le soir chez l’un d’eux.
Pour justifier ses retours tardifs et sans se rendre compte de l’énormité de son explication, il me dit : « En plus de mon emploi chez Organico (Arkema maintenant), je suis délégué syndical. Et à ce titre, responsable de l’application des consignes de grêve générale intimées par l’état major de la C.G.T. . Et bien figurez vous que je passe toutes mes soirées à tenter de les convaincre qu’ils sont exploités, donc de se mettre en grêve pour obtenir des avantages supplementaires , car pour la plupart ex ouvriers agricoles, ils sont par comparaison très satisfaits de leur salaire et conditions de travail !

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Carl Edouin

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