Hyundai nous avait jusqu'à présent habitués, notamment avec le Galloper, à afficher des prix bon marché pouvant défier la concurrence européenne. Avec le Terracan 2.9 CRDi, le constructeur coréen se rapproche nettement des gammes de prix propres aux 4x4 européens. Et c'est encore plus vrai dans cette version luxe. Cette appellation, il la fait payer chère ! Il faut en effet débourser 33900 euros pour partir à son volant. Pour ce prix-là et par rapport à la finition Confort moins chère de 5040 euros, l'intérieur s'enrichit d'une climatisation automatique, d'inserts en imitation bois - d'un goût discutable - et d'un toit ouvrant électrique. Mais son surcoût, la version Luxe le justifie par des nouveautés techniques avec notamment l'apparition d'une boîte automatique et surtout l'arrivée d'une transmission intégrale permanente. Les amateurs de boulons seront contents d'apprendre que cette dernière dispose d'un transfert de couple actif grâce à un embrayage magnétique contrôlé par la fée électronique. En pratique, celui-ci permet de répartir la puissance entre les essieux avant et arrière. La transmission s'effectue sur les roues arrière mais lorsqu'une amorce de patinage apparaît, la boîte de transfert répartit la puissance sur les roues avant, afin de gagner en motricité. C'est vrai qu'il faut bien faire passer les 149 chevaux du nouveau 2,9 litres turbo diesel à injection directe et rampe commune ! Côté esthétique, des poignées de porte chromées restent le seul signe extérieur de richesse du Terracan Luxe. Avec des formes ordinaires et un rien pataudes, on lui donnerait difficilement le premier prix de beauté. Pourtant, en y regardant de plus près, on remarque un soin apporté aux détails, comme par exemple sur les optiques avant et les feux arrière particulièrement travaillés.
J'veux du cuir !
La première impression en montant à bord du Terracan est& olfactive. Ça sent bon le cuir ! A défaut d'être originale, la présentation intérieure est correcte, bien que la qualité de certains matériaux, comme la casquette du tableau de bord en plastique dur, apparaisse franchement "cheap" pour une auto de ce prix. L'aménagement intérieur est fonctionnel et possède de nombreux rangements bien disposés. On se sent tout de suite à l'aise.
Mais, après avoir roulé à peine quelques mètres, première déception : le moteur se fait beaucoup trop présent. A pleine charge, le ronronnement devient bien trop intensif, voire lancinant. C'est d'autant plus dommage quà allure stabilisée, ce bloc devient beaucoup plus discret avec un niveau sonore dans la moyenne de ses concurrents... Ce moteur est réussi sur tous les autres points. Souplesse et disponibilité sont ses maîtres mots. Il lui suffit de 12,1 sec pour passer de 80 à 120 km/h, il abat le 1 000 m départ arrêté en 36,1 sec et file à 167 km/h. Pas mal pour un engin excédant largement les deux tonnes ! Comme si cela ne suffisait pas, ce diesel miracle dispose dun appétit mesuré avec une consommation moyenne de 11 petits litres seulement. Enfin, la réussite de ce moteur coréen vient également de la symbiose avec cette boîte auto à quatre rapports dont la douceur est la qualité première.
Dune réactivité correcte, elle ne dispose cependant daucune aide à la conduite ou autre mode dit "intelligent". Sur route, ce Coréen aux dimensions conséquentes reste sain et sans mauvaises surprises. Les mouvements de caisse sont bien maîtrisés, mais nattendez pas non plus de lui une agilité hors pair en raison des 2139 kg, tous plein faits de lensemble. La physique a des limites. Le confort reste dans lensemble correct pour un véhicule équipé dun pont rigide à larrière. On remarque également que des réactions de direction apparaissent. Un phénomène toutefois désagréable mais jamais dangereux.
Roi de la terre ?
Vous le savez peut-être déjà, Terracan signifie "roi de la terre". Avant de vérifier le bien-fondé de lappellation, on hésite à saventurer partout, de peur de salir un bel habitacle dépourvu de tout tapis de sol... Après avoir pris sur soi, on découvre alors un engin plus efficace sur les pistes bosselées. Les suspensions effacent alors bien mieux les irrégularités du terrain, sans phénomènes de pompage. Dans lexercice du franchissement, le Terracan souffle le chaud et le froid. Sa boîte automatique est un régal de douceur, et tout devient alors facile à condition de garder toujours un peu délan. Le moteur, avec son couple et sa facilité à repartir à des régimes de tracteur se fait littéralement oublier. Lutilisateur peut en plus compter sur une excellente réduction au rapport de 1/2,480... Par contre, les angles et particulièrement celui de fuite ne jouent pas en faveur du Terracan. Il est alors encore moins bien loti quun Pajero Sport par exemple. Certaines zones trialisantes lui sont alors interdites dentrée. Dommage, car ce Coréen dispose dun potentiel certain... Cest donc avec une attention toute particulière quil faut aborder les croisements de pont. Malgré des débattements de suspension justes et un rayon de braquage moyen, il ne sen sort pas si mal... à condition de garder un minimum d'allure. Ici, le différentiel arrière à glissement limité offre un surcroît de motricité, mais un blocage de différentiel aurait été encore plus efficace pour se sortir des situations délicates. La position de conduite est un peu basse mais elle permet en revanche de se pencher facilement à la portière pour placer les roues où l'on veut. Le Terracan, c'est un moteur pétri de qualités, un équipement riche, un bon routier, malgré un confort parfois moyen et un tout-terrain correct, si on garde en mémoire les angles limités. Mais c'est surtout un engin attachant. Assurément, le temps des coréennes minimalistes et bon marché semble décidément bien lointain&
Texte et photos extraits de "Tout-Terrain" n°153 avril 2002.
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