Bonne pioche !

En glissant sous le capot du (grand !) Vitara le moteur turbo diesel à injection directe des Peugeot 406 et autres Citroën Xantia, Suzuki a misé juste. Car cette greffe métamorphose  enfin  le tempérament de ce loyal 4x4. Et au tonus procuré par quelques 109 chevaux bien réels, sajoute une consommation des plus basses. Le tableau serait idyllique si, tendance oblige, le constructeur ne se sentait pas obligé de le positionner plus près des SUV que des 4x4 traditionnels, sa véritable famille. Et de déplorer le manque dévolution tant sur le châssis que sur la transmission.

Que de chemins parcourus depuis le lancement dun certain Vitara cabriolet sous le soleil de lété 1989 ! Car assurément, ce break 5 portes à technologie " common rail " est bien son héritier direct. Fleuron de la gamme Suzuki avant larrivée du XL7 programmée en juin prochain, ce joli 4x4 semble avoir atteint sa totale maturité. Après un léger lifting apparu lors du dernier Mondial de lAuto (calandre plus souriante surmontée dune barrette chromée et de nouveaux boucliers pare-chocs), voici quil adopte dans sa version diesel une motorisation moderne et performante. Exit donc, et sans regrets, lancien deux litres Td dorigine Mazda. En lieu et place, le tout récent quatre cylindres 1997 cm3 du groupe PSA doté dune injection directe à rampe commune avec pompe électronique Bosch haute pression (1350 bars). Baptisé RHZ chez Suzuki, il présente un bloc fonte et une culasse en alliage daluminium à deux soupapes par cylindre (1 ACT et courroie crantée). Un échangeur air/air associé à un turbo KKK soufflant à une pression maxi de 1 bar ainsi quune gestion 100% électronique complètent sa carte de visite. Au final, ce sont donc 109 chevaux délivrés à 400 t/mn et un couple maxi de 216 Nm à 200 tours avec 80 % de cette valeur disponible dès 1250 t/mn. Du tout bon pour ce 4x4 plutôt léger puisquil natteint pas les 1500 kg sur la bascule. Par rapport à lancienne motorisation, les progrès sur le papier sont considérables : + 23 ch et 40 Nm. Et dans le concret ? réponses sans plus attendre.

Ce qui change dentrée, cest le démarrage immédiat à froid. Le silence de fonctionnement est la seconde bonne surprise. Même à vive allure, ce groupe reste particulièrement discret dans lhabitacle. Enfin, les performances " brutes ". Là, on ne peut plus se plaindre : près de 160 km/h chrono en vitesse maxi, un " petit " 36 au 1000 mètres départ arrêté et encore plus convaincantes grâce au couple placé plus bas qui permet de réagir instantanément et en douceur aux injonctions du conducteur, des reprises et des accélérations de bonne facture. Elles sont à titre de comparaison quasi identiques à celles dun Pajero 2,5 l TD.

A cela, ce moteur propre (émissions de CO2 et dhydrocarbures diminuées respectivement de 20 % et 50 %, etc.) savère particulièrement sobre. Si au cours de notre essai la barre des 11 litres fut tout juste franchie, on ne doit pas dépasser en usage normal les 9 litres aux 100 km même en ville où nous avons relevé un flatteur moins de huit litres ! Carrément exceptionnel.

Ce qui lest moins en revanche concerne le comportement global. De conception classique (châssis séparé à caissons, essieu rigide arrière, 4x4 non permanent à pont avant enclenchable...) le Grand Vitara devient délicat à mener dès que la chaussée devient glissante. Il demeure bien sûr une simple propulsion (le mode 4x4 sur route ne devant être engagé que sur sol enneigé) et les ronds points gras mouillés du samedi soir seront abordés avec grande prudence sous peine de figures plus ou moins contrôlées. Facilement sur vireur, il pêche également par un désaccord de suspensions : amortissement très ferme à larrière, trop souple à lavant. Doù quelques piochages parasites en courbes rapides aggravées par un train avant qui nous a semblé plus lourd. Heureusement la direction demeure assez précise pour corriger le tir et les trajectoires. A ce sujet, nous avons apprécié son faible rayon de braquage, idéal en ville ou en sous-bois.

Un terrain de jeu qui malheureusement lui convient de moins en moins. Suzuki a équipé en série son Hdi de chaussettes " taille basse " inappropriées aux escapades champêtres. De plus, la garde au sol déjà limite a perdu 12 millimètres pour ne plus atteindre que 18,3 cm. Trop peu !

Alors comment pallier ces insuffisances sachant que malgré une démultiplication un poil longue en gamme courte, des porte-à-faux conséquents et des débattements limités, le grand Vitara ne manque pas de volonté en tout-terrain (surtout avec ce moteur !) et notamment sur pistes rapides où il peut devenir un bon petit baroudeur pour qui ne possède pas un gros budget en poche ?

Tout dabord, les pneus. Sans rien modifier, on peut " passer " sans problème du 175 R16 (type Blackstar ou Green Way à pavés).

Au stade supérieur, on vous conseille le kit de surévélation Calmini (proposé par Pony Express  01.39.93.01.00  à 8600 F) qui se compose de nouvelles jambes de force avec triangles rallongés, de ressorts arrière et damortisseurs plus longs. On gagne ainsi 5 cm en hauteur, de quoi chausser cette fois du 205 R6.

Enfin, contre 1160 F, on peut léquiper dun amortisseur de direction couplé à une barre anti-rapprochement. Un blindage inférieur finira par rassurer les plus craintifs !

Côté moteur, si les 109 chevaux vous semblent encore timides, optez pour le calculateur additionnel ADS Performances (01.69.43.00.42). Moyennant 7950 F celui-ci augmente la durée et la pression dinjection. Résultat 130 ch et près de 30 m/kg sous le pied droit !

Le grand Vitara 2.0 TD mérite mieux que daller taquiner les Scénic Rx4 et autres RAV4 ou Freelander dans la cour des SUV. Pas facile à admettre pour le marketing mais tellement vrai lorsque lon (re)découvre la véritable personnalité de cet engin plus que jamais attachant. Car son habitabilité moyenne surtout à larrière, son coffre guère volumineux et son confort quelque peu dépassé lui ouvre toujours dautres horizons. Ceux placés sous le signe de " notre " passion...