AM GENERAL HUMMER break V8 6,5 L TD
En version civile, la gamme se décline en
quatre modèles : deux places hard-top, quatre places bâché et quatre places Wagon.
Construit à partir d'un châssis surdimensionné, on est pratiquement dans le domaine du
poids lourd, la carrosserie mélange la tôle d'acier et le plastique pour les ouvrants et
le capot. Malgré ses tentatives d'allègement, l'engin accuse tout de même 3012 kg à
vide. Il faut préciser que, sur le Hummer, la démesure règne en maître. En plus du
poids du moteur V8, de la transmission et des éléments de suspension, on remarque
certains détails comme les plaques d'acier de 5 mm qui font office de protège-bas de
caisse permettant, d'ailleurs, de francs appuis.
Si la longueur hors tout n'est pas si phénoménale, seulement 4,686 m, il faut par contre
composer avec une largeur de 2,197 m (hors rétroviseurs) et une hauteur de 1,95 m qui
vous fermeront l'accès de pratiquement tous les parkings souterrains.
Le Hummer Wagon reçoit un équipement très complet avec la climatisation, le lecteur CD
(avec chargeur), les lève-vitres et, surtout, les grands rétroviseurs extérieurs à
commande électrique, le pare-brise dégivrant, la fermeture centralisée des portes et
l'habillage intérieur typique des versions civiles.
Avec un habitacle qui accueille une partie du moteur, la transmission et le coffre
spécifique (entre les deux sièges arrière) qui accueille les batteries, le Hummer ne se
distingue pas par sa fonctionnalité.
Sauf en installant une banquette supplémentaire dans le volume arrière, à réserver aux
enfants en fonction de la faible garde sous pavillon, on ne dispose que de quatre places.
Et encore, il faut préciser que le conducteur doit se contenter d'un espace guère plus
important que dans une Formule 1. Et pourtant, en tendant son bras droit, on ne parvient
pas à toucher l'épaule de son passager.
La civilisation du Hummer passe par l'ajout de nombreuses pièces en plastique assez
difficiles à jointer. Résultat, l'intérieur ne présente pas un fini de bel aspect et,
au plan pratique, on ne dispose d'aucun espace de rangement sauf la petite boîte à gants
et les poches en bas de portières. Remarquons également que le coffre est séparé de
l'habitacle par un arrêt de charge (d'ailleurs amovible) pas très haut et qui
nécessitera un arrimage soigneux des bagages sous peine de vol plané de valise dans
l'habitacle lors d'un freinage d'urgence.
Sur la planche de bord côté conducteur, on trouve beaucoup de boutons mais dont une
grande partie sert à la commande des essuie-glaces, du réglage de la pression des pneus,
des feux de route et de l'éclairage intérieur, l'instrumentation se résume en fait à
un compteur de vitesse, un compte-tours et à quelques témoins d'alerte et de
fonctionnement.
L'approche technique du Hummer s'effectue plus en fonction de critères propres à un
Pinzgauer ou à un Unimog qu'à ceux d'un classique 4x4. Et encore, on trouve quelques
particularités puisque ce véhicule adopte une suspension à quatre roues indépendantes
(gros triangles superposés, ressorts hélicoïdaux et amortisseurs hydrauliques) en lieu
et place de ponts rigides. La transmission, intégrale permanente, comprend un transfert
indépendant à trois positions : gamme longue avec différentiel central bloqué, gamme
longue avec différentiel central libre, et gamme courte avec différentiel central
bloqué. A souligner que pour alléger les arbres de transmission et réduire la taille du
transfert, les moyeux comportent une cascade de pignons qui apporte une réduction
supplémentaire. En fonction de la suspension à roues indépendantes, AM Général a
choisi la technique des différentiels Torsen à l'avant comme à l'arrière. Remarquons
enfin que le freinage est assuré par quatre grands disques ventilés et que les
pneumatiques sont des énormes 37 X 12,50R16,5 et disposent du CTIS permettant de régler
la pression, via un compresseur commandé depuis l'intérieur.
Le coeur de la bête se présente sous la forme d'un gros V8 turbo-diésel de 6,5 L de
cylindrée qui, en version suralimentée, développe une puissance de 195 ch assortie d'un
fabuleux couple maxi de 43 mkg à 1800 tr/mn. Point important, en fonction de la culture
automobile américaine, on ne se fatigue pas à passer les vitesses puisque le Hummer
reçoit une boîte automatique à quatre rapports. Cette cavalerie pour le moins
impressionnante se révèle en fait nécessaire pour entraîner cet engin de 3000 kg. En
performances, on ne peut qu'être assez surpris par la relative vélocité du Hummer
d'autant que le modèle que nous avons pu mesurer était loin d'être rodé. Ainsi, il
expédie le 0 à 1000 m en 39"56 ce qui, en fonction des caractéristiques déjà
évoquées, constitue un véritable exploit. A titre indicatif et comparatif, un Discovery
2,5 L TDI boîte auto exige 38"78 pour la même mesure. En reprise, en fonction des
glissements du convertisseur et du poids, le couple moteur a un peu de mal à s'exprimer
et il faut donc 35"63 pour parcourir 1000 m en reprenant à 60 km/h. Toujours à
titre comparatif, le Discovery se contente de 35"16. Hormis la vitesse de pointe,
nous avons relevé 135 km/h, les performances du Hummer paraissent assez correctes. Quant
à la consommation, comptez entre 18 et 25 L selon votre rythme de conduite.
Contact, après le temps réglementaire de préchauffage, le gros V8 s'ébroue et, après
quelques claquements, adopte une sonorité à la fois sourde et presque mélodieuse.
Accélération et, le temps que le convertisseur de couple prenne la mesure exacte de la
masse à déplacer, nous voici en route. Hormis le bruit du moteur bien présent dans
l'habitacle et la position de conduite un peu étrange. C'est essentiellement du gabarit
extérieur dont il faut se préoccuper. Les premiers kilomètres ne peuvent donc que
s'effectuer à vitesse très réduite car, au propre comme au figuré, il est impératif
de prendre la mesure du Hummer. Une fois passée cette période probatoire, la conduite de
ce monstre se révèle déconcertante de facilité. La direction est précise et les
passage de rapports s'effectuent dans la plus grande douceur. Ne pas oublier le freinage,
puissant et endurant, il lui faut tout de même un peu de temps pour réagir et il est
donc plus que vital de bien gérer la distance avec le véhicule qui vous précède et de
ne pas se laisser surprendre par un virage. Si le Hummer n'est pas un foudre de guerre (un
peu quand même), il prend assez rapidement sa vitesse maxi. Quant au comportement, on est
assez surpris par l'efficacité. Grâce aux masses bien recentrées (le moteur rentre
généreusement dans l'habitacle), les réactions du Hummer frisent la neutralité et il
fait montre d'une motricité difficile à prendre en défaut. Dans les changements
d'appui, ce sont finalement le poids et les mouvements de carrosserie qui vous inciteront
à une certaine prudence. Autrement, le Hummer, et c'est son point fort, se conduit comme
une voiture et non pas un camion !
En tout-terrain, c'est essentiellement sur la piste que l'on apprécie le plus le Hummer
pourvu que l'on dispose de suffisamment de place. La suspension fait merveille pour
absorber les inégalités, il s'envole sainement sur les bosses et retombe avec une
certaine pureté. On est également surpris de la qualité de la motricité au point que,
sauf sur terrain bien gras, il est difficile de provoquer la moindre dérive. Sur bien des
plans, le Hummer peut en remontrer à des 4X4 réputés plus affûtés. En franchissement,
pas question de faire dans la dentelle. Dans une certaine mesure, on doit même oublier
une bonne partie des règles de conduite. Faute de grands débattements de suspension, le
Hummer franchit les difficultés sur l'élan. On doit repérer précisément la
trajectoire et mettre le pied dedans ce qui, d'ailleurs, constitue la meilleure méthode
pour obtenir toute l'efficacité souhaitable des Torsen. Avec un angle d'approche de 72°
et une puissance incommensurable en gamme courte, cet engin permet de grimper aux arbres.
Outre les faibles débattements, il faut également composer avec le poids. Là encore, il
ne faut ni finasser ni prendre le temps de rêvasser dans les dévers. Le Hummer vous fera
gagner le bas de la difficulté à vitesse grand V. Heureusement, le centre de gravité
placé très bas et la largeur des voies assurent une grande stabilité dans ce genre de
difficulté. Il faut aller très loin pour réussir à retourner un Hummer.
Véhicule de star aux Etats-Unis, "Schwarzy" assure une belle publicité à la
marque, le Hummer civil n'est pas spécialement donné : comptez 890.000 F TTC pour le
break. Cependant, il s'agit d'une sorte d'investissement. compte tenu de la rareté, les
prix de vente en occasion risquent de flirter avec celui du neuf d'autant que la
pérennité d'un tel engin est très longue : carrosserie indestructible (sauf crash-test
personnel) et le moteur peut tenir au moins deux millions de kilomètres. A souligner
qu'aux Etats-Unis, il existe un club Hummer qui compte pas moins de cinq cents membres. En
France, il n'est pas prévu pour l'instant mais gageons que l'aspect exclusif de cet engin
va peut-être susciter des réunions.
Tarif janvier 2000 du modèle essayé rendu 4X4 EDOUIN, francisation comprise.
HUMMER V8 - 6,5 L TD - 4 portes - 4 pl : 882.600 F FC (134.555 euros) |