Un soir à la rédaction, coup de téléphone : un
lecteur ne sait que choisir entre un Pajero sport un coupé griffé Pininfarina.
Ses mobiles dachat ? Le coup de cSur, le côté esthétique et... lintérieur
cuir. Cest vrai quavec sa roue de secours située sous le coffre, son
aspect raffiné et ses quelques chromes, ce japonais de choc na en rien lapparence
rustique dun 4x4 pur et dur. Une chose est sûre : il ne manque pas dallure.
Dans sa version Exceed, il se permet même de frimer avec ses vitres arrière
fumées et ses rétroviseurs chromés. Notre modèle dessai exagérait un
tant soit peu la tendance avec sa robe noire... Un vrai carrosse de yakusa !
Malgré ses origines nippones, ce Mitsubishi fait penser - surtout au niveau de
la face avant - aux productions américaines. Normal, il est avant tout conçu
pour le marché doutre-Atlantique. Mais parlons de la vraie nouveauté du
Pajero, laquelle se situe sous le capot. A linstar de son frère Montero,
dont il reprend la plate-forme technique dans les grandes lignes, le moteur du
Pajero Sport reçoit le souffle dun nouveau turbo à géométrie variable,
faisant passer la puissance de 90 à 115 chevaux alors que le couple reste en létat.
Malgré son patronyme évocateur et sa cure de vitamines, ce Mitsubishi na
pourtant pas grand chose de sportif dans ses gènes avec des performances qui nont
rien dexceptionnel. Ceci dit, lévolution marque un progrès notable et le
Pajero Sport gagne du tonus, surtout à haut régime. Il franchit la borne des
1000 mètres départ arrêté une seconde et demi avant son prédécesseur et
gagne deux petits kilomètres par heure en pointe.
Le creux à bas régimes et le couple moteur limité dans
l'absolu sont compensés par un étagement de boîte court. Sur son rapport le
plus élevé, il passe de 80 à 120 km/h en 17,1'', temps correct dans l'absolu.
Hélas, le chant du quatre pattes japonais est particulièrement mal accordé.
Même s'il apparaît à peine plus bruyant que la moyenne, le moteur émet une
sonorité particulièrement désagréable à certaines allures. Dimportants
bourdonnements particulièrement pénibles apparaissent vers 120 et 150 km/h au
compteur. Défaut chronique ou voiture dessai fatiguée ? Accordons-lui le
bénéfice du doute. Dieu merci, il reste heureusement une bonne sono pour les
longs trajets...
Un intérieur soigné
Son aménagement intérieur vous transporte dans un espace
cossu, tout particulièrement dans cette finition Exceed. La qualité des
assemblages et la finition sont au diapason. Cest vrai quil nous la joue
façon grand prince, ce Pajero Sport avec ses sièges en cuir, sa climatisation
automatique, son instrumentation multimètre propre aux Mitsubishi et son
équipement complet. Seule lacune, le cruise control nest disponible que sur
la version V6. Deux détails agacent cependant : le tibia des conducteurs de
petite taille ira facilement cogner contre le bas du tableau de bord et le
réglage en hauteur du siège est particulièrement difficile.
Des attitudes parfois rustiques
La chapitre du confort déçoit. Sur chaussée dégradée,
les passagers arrière sont rapidement chahutés par des suspensions sèches.
Certes, le phénomène satténue une fois la voiture chargée mais ces
manières rustiques ne coïncident pas vraiment avec lesprit luxueux de lauto.
Côté comportement, le Pajero tient parfaitement sur ses quatre roues et fait
preuve dune certaine efficacité... tant que la route est lisse. Sur les
petits chocs et irrégularités, le train arrière vous gratifie de coups de
raquette fort désagréables... Sous ses apparences cosy, le Pajero Sport cache
une belle efficacité sur les pistes. En terrain accidenté, les suspensions
travaillent alors dune bien meilleure façon. A tel point que ce 4x4 en
devient alors confortable. En poussant le bouchon plus loin et en abordant le
franchissement, le Pajero Sport sen sort honorablement, compte tenu de son
look de break rehaussé. Bien évidemment, il ne dispose pas dangles aussi
adaptés que le Montero pour ce genre de sport et ses débattements de
suspension restent limités. Les pare-chocs et les marchepieds seront les
premiers exposés lors dune manoeuvre maladroite dun propriétaire un tant
soit peu optimiste. Ces faiblesses sont toutefois compensées par des atouts de
choix. En premier lieu, la bonne réduction (rapport 1/1,925) épaule
parfaitement un moteur souple, acceptant de repartir à très bas régimes.
Ensuite, le Pajero Sport motrice bien, dans des conditions difficiles, aidé en
cela par un différentiel arrière à glissement limité. Enfin, lengin
demeure stable en franchissement et la position de conduite rassure avec une
bonne visibilité grâce à une assise haute. Au final, le bilan est très
honorable.
Miroir... Suis-je toujours le plus beau ?
Avec son turbo à géométrie variable, le Pajero Sport
progresse en performances. Cest vrai quil en avait besoin ! Pourtant,
débourser 33 400 ¬ pour un 4x4 non permanent qui ne brille guère par son
confort routier rend laddition un rien salée. Ce Mitsubishi chic se rattrape
pourtant sur les pistes et par des prestations honorables en franchissement.
Mais le premier atout du Pajero Sport, cest avant tout son look affirmé qui
rend tout critère rationnel irrecevable. II devient alors difficile de parler
argent pour un coup de cSur.
Texte et photos extraits de "Tout-terrain magazine"
février 2002